Hiroshima, mon coup de coeur
Nous quittons Kyoto à bord d'une rame silencieuse de Shinkansen. Rame silencieuse signifie qu'il y est interdit de faire du bruit... très étrange, mais finalement tellement reposant !
Nous arrivons à Hiroshima à la nuit tombée et c'est en tramway que nous découvrons la ville. De nuit elle n'a rien de bien différent de ce que nous avons déjà vu.
Plus moderne que Kyoto et moins gigantesque de Tokyo, Hiroshima semble être une ville où il fait bon vivre. Étrange de se dire cela lorsque l'on sait comment cette ville est entrée dans l'histoire. A noter que la ville a entièrement été reconstruite sur un plan complètement différent, en damier. Ce qui la rend moins labyrinthique que ses homologues japonaises que des années d'histoire ont façonné.
Après la confort rudimentaire du ryokan de Kyoto, nous ne sommes pas mécontents de retrouver celui bien plus agréable et spacieux des Business Hotels (hôtels à l'occidentale). Le notre est situé tout prêt du Musée Mémorial de la Bombe A que nous visiterons le lendemain matin.
Lors du check in l'employé de l'hotêl me tend une enveloppe portant mon nom (!) Il s'agira en fait d'une lettre envoyé par Thomas que je n'aurai de cesse de lire et relire durant toute la soirée et le reste du voyage, m'attirant des regards de haine de mes comparses mon fortunés que moi...
Nous finissons la soirée autour d'une tasse de thé vert et des quelques jeux de société que j'avais pris soin d'emporter.
- Lundi 21 mai -
Après une bonne nuit de sommeil et une bonne douche, nous voilà fins prêts pour le petit déjeuner... Et le retour des business hotels sonne aussi le retour des petits déjeuner buffet où je ne manque pas de m'empiffrer comme à l'accoutumée.
Juste avant de partir, nous en profitons pour admirer la vue depuis nos chambres. Nous sommes juste au bord de la rivière qui coupe la ville en deux et à deux pas d'un îlot sur lequel est installé un parc mémorial verdoyant. Et pour ne rien gâcher le ciel est d'un bleu immaculé...
L'hotêl derrière nous, nous traversons le pont qui nous mène au Parc Mémorial de la Paix. Notre première étape : le Musée Mémorial de la Paix.
Lors de la préparation du voyage, il nous a semblé à tous important de faire ne serait-ce qu'un court passage à Hiroshima. Comme un devoir de mémoire. J'estime que l'on ne peut profiter d'un pays sans rendre hommage à ses blessures les plus profondes.
Je ne connaissais de ce bombardement que bien peu de chose, un nom, une date et la pseudo réponse à Pearl Harbor.
C'est donc le 6 août 1945 à 8h15 qu'un B29 larguera sur cette ville portuaire la première bombe atomique faisant par ce simple acte près de 200.000 morts.
Plutôt que de sombrer dans le larmoyant et le politiquement correct, les conservateurs du musée ont eu l'intelligence de retracer tout le contexte historique ayant conduit à ce jour et ce sans prendre partie.
Même s'il est difficile d'admettre qu'un pays démocratique comme les Etats-Unis aient répliqué 4 ans plus tard à une attaque contre un site militaire ayant fait 2.000 morts en lançant une bombe atomique sur une population civile...
Toute la première partie contribue donc à témoigner du cadre historique et du quotidien des habitants d'Hiroshima avant le bombardement à travers des documents d'archives, des objets d'époque, des plans ou des cartes.
S'en suit une séquence où l'on explique les conditions de l'attaque et ses dégâts matériels. Sur les photos ci-dessous une maquette qui représente la ville avant puis après l'explosion.
Après une pose dans une salle de lecture, nous décidons d'entamer la seconde partie du musée. Il s'agira finalement de la plus difficile à regarder, car elle s'intéressera aux conséquences du bombardement sur les populations et les effets de la bombes.
Les descriptions restent toujours sobres mais la vue de certains objets ou l'histoire de certaines victimes ne laissent que trop bien apercevoir quelles ont dû être les souffrances de ces gens innocents.
Je pense notamment à l'ombre d'un homme assis sur les marches d'une banque que le souffle a laissé comme seule empreinte de son existence.
C'est un flot d'émotion qui m'envahit en quittant le musée. Je laisse un message de remerciement et d'espoir sur le livre d'or du musée et rejoins mes comparses. Tout le monde est silencieux, certains portent leurs lunettes de soleil. Les enfants jouent dans le couloir, une belle revanche en somme.
Parallèlement à cela je repense à une lettre écrite par le maire
d'Hiroshima à l'Etat Français suite aux essais nucléaires décidés par
Chirac dans la baie de Mururoa que j'ai vu durant la visite.
C'est dans le parc dédié aux victimes que nous terminons la visite.
Tout d'abord le Cénotaphe sur les parois duquel sont gravés les noms des victimes puis la Flamme de la Paix qui ne s'éteindra que lorsque toutes les armes atomiques auront été éliminées.
A noter que la bombe continue à faire des victimes : ceux qui ont été irradiés in utero.
Plus loin des groupes d'enfants se recueillent devant un monument dédié à une petite fille dont nous avons entendu parlé dans le musée.
Une petite fille victime de la bombe s'était décidée à fabriquer 1.000 grues de papier qui selon la tradition l'aideraient à guérir.
Elle ne survécut pas à sa maladie mais son histoire est devenue un symbole et des milliers d'écoliers de tout le japon viennent tout au long de l'année se recueillir devant ce monument et y déposer des milliers de grues en papier fabriquées par leurs soins. Ce grues sont exposés durant un an dans des compartiments situés derrière le monument.
Plus loin se dresse le fantôme du seul bâtiment laissé en l'état, la ville ayant été entièrement reconstruite. Le dôme de la bombe A se situait à quelques mètres du pont Anoï, point d'impact de la bombe.
Les structures métalliques complètement tordues et les murs de briques emportés par le souffle de l'explosion ne laisse que peu de doutes quant au destin de ceux qui s'y trouvaient un bon matin d'août 1945, vers 8h15...